Ça y est!! Chose accomplie, depuis dimanche dernier, je suis marathonienne!!!
Avant de poursuivre plus loin dans le récit de cette belle aventure, j'aimerais spécifier un point important, une note à moi-même: Je vais tenter de décrire ma course avec les mots et les émotions les plus justes, les plus appropriés... Mais je sais que je n'y parviendrai pas. Alors Claire, si dans quelques temps, ou quelques années, tu relis ce billet, sache que ce que tu as vécu durant ton premier marathon, c'était encore beaucoup plus fort et beaucoup plus exaltant que de la façon dont tu le décris ici!
Alors voilà:
Tout d'abord, impossible de passer sous silence la semaine qui a précédé la course mais ça se résume très simplement: Me reposer, manger, dormir, manger, trop peu courir, manger.... et ATTENDRE..... Et pour couronner le tout, la météo qui se met à nous annoncer une journée très chaude et très humide pour dimanche... NON, pas ça!!! Moi qui rêvais de courir un marathon avec un beau 12°C sans humidité!!!! Et dimanche, il faisait effectivement très chaud et humide.... Mais j'ai tout de même vécu un marathon de RÊVE!!!!!!!
Alors dimanche dernier, le 25 septembre, après avoir épinglé mon précieux dossard sur mon coeur et après de (très) nombreux préparatifs, j'ai pris le métro à 7h00. Direction, le pont Jacques Cartier.
(Pour ne pas alourdir davantage ce billet-marathon, j'éviterai les détails de ma semaine d'affûtage, ainsi que tout ce qu'implique le petit matin pré-marathon. J'y reviendrai toutefois dans un prochain billet).
Tout d'abord, prendre le métro la journée du Marathon de Montréal est toujours un plaisir, je dirais qu'au moins 70% des usagers portent un dossard!! Dans le métro, je m'assois, je ne m'en prive pas, je vais courir durant plus de 5h00, hehe!!.... Et j'essaie de me calmer les nerfs.... On inspire..... On expire.... Trop excitée, trop énervée... Une enfant de 7 ans devant une montagne de cadeaux de Noël, voilà comment je me sens. J'ai si hâte,
pourrait pas aller plus vite ce métro???
Enfin arrivée au pont, j'y rencontre avec grand plaisir quelques uns de mes amis (Anne, Daniela, Alexandre, Denki et Patrick), les autres sont quelquepart à travers les 3000 coureurs. Nous sommes tous fébriles et excités!! Anne et moi avons sensiblement les même temps de course, nous allons donc partager le même
coral de départ, c'est une très bonne chose, ça nous permet de rigoler et de patienter ensemble sur le pont. Un dernier pipi 2 minutes avant le départ.... Et à 8h30, ça y est, je m'envole vers mon tout premier marathon!!!
J'avais prévu faire mon marathon en 9:1 (courir 9 minutes et marcher 1 minute), c'est une stratégie prônée par plusieurs programmes d'entraînement et de plus en plus utilisée par les coureurs. Sauf qu'après seulement une minute de course, j'ai soudainement changé d'avis, je voulais courir mon marathon en continu. Je savais tout de même pertinemment que cette décision ne mettrait pas ma course en jeu car j'ai toujours couru en continu; il n'y a que quelques semaines que j'avais expérimenté mes longues sortie avec des ratios de marche. J'ai toutefois marché environ 30 secondes à tous les postes de ravitaillement afin de bien boire, remplir mes bouteilles et me reposer un brin. J'ai aussi pris quelques pauses de marche (de 30 à 60 secondes) à quelques endroits, soit par pure stratégie ou parce que je voulais me reposer un peu, je dirais que j'en ai pris 4 (une de moins ou une de plus... je ne me souviens pas vraiment) mais aucune avant la côte Berri du 23e km.
Il fait chaud, c'est humide, mais étrangement, je suis très confortable. Les premiers kilomètres sont légers et si faciles, ça me donne confiance, je suis dans une bonne journée!! Au 3e km, j'entend des cris ''Claireee'', ma cousine Geneviève et mon amie Sylvie D sont assez loin devant moi mais comme il y a un long virage en épingle, nous nous croisons. Je suis toute contente de les voir, nous sautons dans les airs en faisant de grands gestes!! Les onze premiers kilomètres se font sur les îles (Sainte-Hélène et Notre-Dame), il y a donc très très peu de gens qui sont spectateurs, toutefois, vers le 5e km, mon oncle et ma tante (les parents de Geneviève) sont là. Quel bonheur de les voir, je suis si bien et je suis si heureuse de courir, ça me fait beaucoup de bien de pouvoir le partager!
Dès le départ, une coureuse d'une vingtaine d'année s'est mise coude à coude avec moi, je ne la connais pas, je ne l'avais jamais vue avant; elle sera à mes côtés durant les 14 premiers km. Peu après le 14e km, elle a commencé à ralentir, je me suis retournée pour l'encourager par des signes, mais elle ralentissait de plus en plus.... et je ne l'ai jamais revue. J'ai beaucoup apprécié cette compagnie discrète, silencieuse et inconnue, on ne s'est même pas adressé la parole... Elle s'est accrochée à mes pas, mais manifestement ce n'était pas les siens, j'espère que cela n'a pas bousillé sa course....
La course se poursuit, nous sortons des îles et nous serons dans le Vieux Montréal jusqu'au 19e km. Je me sens toujours très bien, merveilleusement bien! Comme j'ignore ce qui m'attend après le 34e km, j'aime mieux adopter une allure très très conservatrice, je cours donc vraiment lentement. C'est tout doux, pas assez rapide pour être essouflée! J'aime bien croiser les gens qui nous encouragent sur le bord des rues, je les remercie immanquablement à coup de ''Merci beaucoup, c'est gentil''. Je suis heureuse, je
trippe totalement!!!
Maintenant, je vais bientôt voir mon ami Éric, il doit m'attendre au 20e km pour courir quelques km avec moi. Il ne participe pas à la course ce jour là, il sera là simplement par gentillesse, pour m'encourager dans mon premier marathon. J'ai hâte de le voir! Ce fût un immense bonheur d'avoir Éric à mes côtés, il est naturellement un coureur rapide mais il entre avec facilité dans ma lente cadence, il court à côté de moi, juste quelques centimètres derrière car il a la délicatesse de s'assurer que l'on court à ma vitesse. Il a été mon ange gardien jusqu'au 41e km, du 20e jusqu'au 41e..... !!!! C'est TRÈS GÉNÉREUX!!
Au 22e km, ma cousine
Geneviève m'attend sur le bord de la rue (???? Mais que fait-elle là, elle devrait être très loin devant moi???). Toute souriante, elle me dit qu'elle a abandonné car elle ne se sentait pas bien et qu'elle n'avait pas du tout envie de courir un marathon dans ces conditions. Ma cousine est déjà marathonienne, ce n'était tout simplement pas une bonne journée pour elle (trop humide) et elle se reprendra bientôt. Elle m'offre de la glace et de l'eau. Ça me fait du bien de l'avoir vue, je réalise que si ça m'arrive, ce n'est pas un drame de s'arrêter. On reste tout de même maîtres de nos courses, et on fait ça pour le plaisir... Leçon de sagesse au 22e km!!!!
Au 25e km, nous voilà devant notre charmante côte Berri, je la regarde, je la connais bien, je sais comment l'attaquer. J'y vais tranquillement, stratégiquement je choisis de faire un bout de la dernière partie en marchant un peu car je ne dois pas oublier de conserver mes forces.... Éric est toujours à mes côtés, il s'assure régulièrement que je vais bien, on jase de temps en temps, j'ai envie de papoter mais je me retiens, je garde mes forces.....
Au 27e km, qui vois-je courant en SENS INVERSE à toute allure? JP, le coach de ma cousine. Ça y est, il cherche Geneviève. Je crie pour tenter de le prévenir mais JP, le temps de crier et il est déjà trop loin pour m'entendre... Mais peu de temps après, sur Saint-Joseph, il réapparaît et nous dépasse mais cette fois-ci, il entend mes cris. Je lui dis pour Geneviève et il partage environ les 2 km suivant avec nous. Je me balade gaiement dans mon marathon pendant que les deux gars se piquent une p'tite jasette en trottinant à mes côtés; je trouve ça bien sympatique et mon impression de ''
coolitude'' grandit.... Mausus que c'est l'fun un marathon!!!!!
On monte le boulevard Saint-Laurent et nous savons que notre copine marathonienne Delphine est bénévole au ravito du 30e km, nous avons hâte de la voir!! Et voilà, notre rayonnante Delphine qui embarque pieds nus pour un joyeux 200 mètres de course avec nous! Elle me complimente sur mon air rayonnant et me dit que je n'ai pas l'air fatigué du tout. Nous sommes tous des gens heureux ce jour-là et moi je sautille de joie!!!
Depuis le tout début de la course,
Anne (qui a pris le départ avec moi) est toujours dans mon champs de vision quelques centaines de mètres devant moi. Et au 31e km, on se retrouve côte à côte. C'est bien car ma meilleure amie est justement à cet endroit pour m'encourager (yééééé) et on s'arrête le temps d'une photo. Un peu plus loin, au 32e km le long de la rue des Carrières, il y a Mélanie (amie coureuse spectatrice-cheerleader ce jour-là) qui me reconnait et j'entend crier ''Clairee'', je suis drôlement heureuse de la voir. Au ravitaillement du 32e km, j'ai évité de justesse une catastrophe; comme à 2 autres endroits du parcours, on nous offre des bananes. Je prend donc ma banane et, inconsciente des pelures de banane qui jonchent la chaussée, je glisse sur une des dites pelures et je frôle la débarque du siècle, mais ouf, je suis restée sur mes jambes!! Éric et moi avons un peu rigolé là-dessus. Juste un peu plus loin, au 33e km, on descend sur De Lorimier, oui oui, on descend!!! Car il ne faut pas oublier qu'on monte (de faux plats, en faux plats, et côtes) quasi sans arrêt depuis le 19e km. Je vais encore très bien, mais je dois dire que descendre, ça fait du bien par où ça passe!!!!! Dans cette belle côte descendante, de belles suprises: Premièrement, comme il fait chaud et humide, certains résidents ont cru bon de sortir leur arrosoir, TRÈS bonne idée, tous les coureurs en profitent en traversant les jets d'eau. Et deuxièmement, mon amie coureuse Pascale qui est là pour m'encourager! Je suis folle de joie et je crois que ça parait!! Je fais les présentations entre Éric et Pascale qui à ma grande surprise ne se connaissaient pas, Pascale s'assure que je ne manque de rien et que je vais bien. Au 35e km, on est maintenant sur la rue Rachel, les fesses commencent à me chauffer mais tout le reste va bien, j'ai encore plein d'énergie.
Je ne sais plus où sur le parcours j'ai eu droit à un verre d'eau offert par un enfant qui s'était monté un petit kiosque de ravitaillement d'eau. Trop mignon. Plus loin, une dame m'a carrément donné une bouteille d'eau neuve. Merci madame! Finalement, au 37e km, j'ai fait un arrêt aux toilettes, ça ne me tentait pas trop, mais je me suis dit qu'à l'arrivée, ça me tenterait encore moins!!!! Je ne me souviens plus trop à quel moment, j'ai dit à Éric que mes jambes allaient très bien mais que je commençais à être essoufflée (!!!!), ben oui tiens donc... et où il est ce mur tant redouté??? Je ne le vois pas, je ne le sens pas, j'essaie même de mettre de l'ordre dans mes souvenirs des derniers kilomètres, tout à coup que je l'aurais eu mais sans m'en rendre compte... Voyons Claire, déconne pas, le mur du marathon, on est loin de la p'tite caresse au visage, je m'en serais rendue compte. J'en viens à la conclusion que j'ai tellement couru lentement que j'ai probablement poussé mon mur à l'extérieur de la distance marathon, je me serais sûrement fracassé le nez dedans vers le 46e km???
Tout de suite après la pause-toilette, nous approchons de l'intersection avec Pie-IX, endroit où ma famille m'attend!!! Je ressens une grande fébrilité et j'ai l'impression que j'ai encore tout plein d'énergie! Je les aperçois de loin, ma meilleure amie, ma fille Karine, mon fils Carl avec sa copine, ma mère, ma soeur et mon beau-frère. Carl vient à ma rencontre, je suis si heureuse de tous les voir (existe-t-il un mot plus fort qu'heureuse??), je suis si fière de moi et à ce moment-ci, l'endroit où je suis rendue me prouve que je serai bel et bien marathonienne!! Je leur dit que je fais un marathon de rêve, que je vais très bien et que j'aime énormément ma course depuis le début. Après les embrassades, je continue mon chemin. Carl, Karine et ma soeur vont courir avec moi jusqu'au prochain coin de rue où il y a un rassemblement de mes amis coureurs. En courant, j'en profite pour faire les présentations entre Éric et mes enfants et ma soeur, car après tout, la Pie-IX au 38e km d'un marathon, c'est un bel endroit pour faire des mondanités non?
Au coin de Mont-Royal, ma gang d'amis est là!!! Ils crient fort et ils m'applaudissent, je suis contente que mes enfants et ma soeur puissent voir ça! Même les autres coureurs se retournent tellement
ça se peut jus
te pas comme accueil!!! Je sautille, j'applaudis moi aussi, je suis si heureuse de les voir!!!! Le bas de la côte Pie-IX restera un endroit spécial pour moi, j'y ai vu plein de gens que j'aime, qui m'aiment et qui croient en moi, ma famille et mes amis!!! Jamais je n'oublierai ça!!! À partir de là, je monte la côte avec mon ange gardien Éric. Ça se passe très bien, j'ai ralenti mais je cours encore.
Rendue presqu'en haut, je croise Marie-France-Lou qui a terminé sa course!! Ça me fait tellement plaisir de la voir et ça me donne un peu énergie pour la fin de la côte, j'ai marché quelques pas et voilà, on est rendus en haut. Il ne reste maintenant que 3,2 km à faire, je ne pense qu'au fil d'arrivée, je jubile, je n'en reviens pas à quel point cette course fût merveilleuse et facile. Maintenant, j'accélère un peu, je peux me le permettre car la fin est proche.
Au 41e km, Éric me dit qu'il me laissera faire le dernier km toute seule, il veut que je profite bien de ce moment-là; je suis émue, je ne sais pas comment lui dire merci... Et je cours vers ce fil d'arrivée, moment que j'attend depuis de nombreux mois... je regarde autour de moi, je savoure chaque instant, il y a énormément de gens qui encouragent, c'est tout simplement enivrant!!!! J'ai apprécié chacun des derniers mètres, je regardais le fil d'arrivée et je tenais à graver ces moments dans ma mémoire... Voilà, c'est fait, je suis maintenant marathonienne!!! J'ai parcouru la distance en 5h20, ce n'est pas rapide mais j'en suis fière!!!
À l'arrivée ma famille est là, Éric aussi et Gaetan qui a attendu que j'arrive après son demi-marathon. J'ai terminé, c'est fini, mais je ne me sens pas fatiguée, je n'ai mal nulle part, seuls mes genoux sont un peu chauds; j'ai même une impression de puissance!!!! Je mange mon lunch et ma famille et moi continuons d'assister à l'arrivée des coureurs durant une bonne demie heure; nous nous étonnons tous de voir des coureurs, hommes et femmes, de 20 ans, de 30 ans... Ils arrivent derrière moi!!!! Je mesure tout à coup ma performance un peu mieux.... Sur le chemin du retour, je vois plein de coureurs qui sont encore sur Rosemont, plusieurs ont l'air de beaucoup souffrir; il s'en est fallu de très très peu pour que j'aille courir avec eux pour les encourager, j'ai vraiment failli le faire, moi j'avais l'impression de ne pas en avoir eu assez et j'avais tellement envie de les aider...
Rendue à la maison, surprise, la maison est décorée et il y a des chips qui m'attendent, PLEIN de chips... J'ai bien essayé de dormir un peu après le diner, mais j'étais encore trop excitée!!!! J'ai passé le reste de la journée en pyjama, avec ma médaille dans le cou!!
Le lendemain matin, quelques raideurs dans les hanches durant quelques minutes au lever et ensuite, presque plus rien. Ma démarche est normale, je descend les escaliers sans courir mais tout à fait normalement. Je suis presque déçue car je ne veux pas donner l'impression qu'un marathon est une chose banale et facile. Je sais bien que je suis marathonienne, mais j'ai beaucoup de difficulté à le croire, et n'ayant ni sérieuses courbatures ni bobos, ça ne m'aide pas à réaliser. Mon corps n'est ni pire ni mieux que suite à un entraînement normal. Le mardi matin, je suis même allée à mon cours d'aqua-zumba. Je respecte un congé de course de 10 jours, mais j'ai déjà hâte à mercredi prochain!!!!
J'ai donc vécu une course de rêve. Dès le début de mon entraînement, j'ai traité la distance avec grand respect et j'étais donc très bien préparée, dimanche j'étais au summum de ma forme, je crois que j'ai su gérer ma course comme une pro, j'ai été encouragée,
gâtée pourrie, un véritable rêve!!!
Je n'ai pas de mots assez forts pour décrire ce que j'ai vécu dimanche dernier, c'est bien dommage, j'aimerais tellement partager mon plaisir avec justesse; je suis une adepte du point d'exclamation mais encore là, c'est insuffisant.... le point d'exclamation n'est pas à la hauteur!
Bonheur intense!!!!!!!
Depuis le fil d'arrivée, je ne pense qu'à recommencer!!! Et je VAIS recommencer! Accomplir ce genre de défi, ça donne des ailes. Le plus difficile sera de choisir mes prochains rêves, car maintenant, tout est possible! La vie ça goûte si bon!!!