jeudi 26 janvier 2012

Manipulatrice

J'ai débuté mon entraînement-marathon dimanche dernier... et je n'ai pas couru depuis ce temps. Nous sommes jeudi; j'ai le rhume, un gros rhume. Je peux donc dire que la semaine 1 de mon programme est disparue, mon plan de 18 semaines est donc devenu un plan de 17 semaines. Ce n'est pas grave, je suis manipulatrice!

Avant d'aller plus loin dans cette voie, je vais jaser "plan" un petit peu. Je ne parle pas ici de mon plan à moi (j'y reviendrai dans un prochain billet), je parle de plan en général. Dans la plupart des plans, on retrouve généralement 3, 4, ou 5 sorties par semaine; il y a des entraînements par intervalles et/ou tempo, des entraînements en côtes, une longue sortie, des plus courtes... Et bien sûr, des rythmes de course qui nous sont propres. On suit le plan et quelques semaines plus tard, on participe à la course à laquelle on s'est inscrit avec tant d'excitation. Toutefois, après quelques années de plans enfilés les uns derrière les autres, on découvre un autre élément bien important qui est directement relié au plan: L'environnement. Quand je parle d'environnement, je parle de:

- Mon corps: Âge, antécédents, état général, alimentation, blessures (actuelles ou antérieures), rhumes/maladies, faiblesses, forces...

- La météo québécoise: 4 saisons (dont 4 mois d'hiver), de -25°C à 38°C, chaleur accablante, froid sibérien, pluie, neige, verglas...

- Surfaces: Sèches, enneigées, très enneigées, glacées, très glacées...

- Horaire hors-course (incluant aussi famille, amis, voyages): Toutes les obligations et loisirs hors-course.

Et c'est ici que je deviens manipulatrice. Je m'explique. Prenons mon rhume en exemple avec le constat que la première semaine de mon plan vient de partir en fumée. Je dois d'abord spécifier que dans un entraînement-marathon, la progression est significative à chaque semaine; j'ajoute que mon corps n'apprécie guère les reprises d'entraînement qui ne sont pas progressives. Toutefois, la semaine prochaine, selon mon plan, je dois  courir 40 km sur 5 sorties, dont deux entraînements en intensité (intervalles et tempo) et une longue de 12 km. Il est bien évident que chaque semaine du plan a sa raison d'être et il n'est pas question que je prenne du retard; MAIS, il est également hors de question de risquer une blessure. Donc, je manipule mon plan, pas trop pour éviter que ça n'affecte ma progression mais juste assez pour que mon corps le supporte bien. En somme, je manipule mon plan, mon corps et mon marathon n'y verront que du feu! Comme je commence à me connaître en tant que coureuse, je suis en mesure d'identifier ce à quoi je suis particulièrement sensible. Donc, la semaine prochaine, je maintiendrai le kilométrage prévu et le nombre d'entraînements; cependant, je vais alléger l'intensité des intervalles. Je prendrai également soin de courir sur des surfaces sèches. Ni vu ni connu, à la fin de la semaine 2, tout sera rentré dans l'ordre. Je dois spécifier que mes choix pour la semaine prochaine sont basés sur des faiblesses et des forces qui me sont propres, ce n'est pas une recette universelle.

Pour être une bonne manipulatrice, je me dois toutefois d'anticiper les éventuelles difficultés et bien entendu, je m'assure d'arriver en forme et bien prête à chaque début d'un programme d'entraînement. En bref, si l'on veut être sournois, on s'assure d'avoir du solide à la base.

Il y a de nombreuses raisons environnementales qui peuvent faire en sorte que je manipule un peu mon plan. Il peut arriver que je manipule mon plan un tantinet dans un but purement ludique (ex: Une grosse sortie de prévue? Je ne ferais pas ma longue le lendemain) mais la grande majorité du temps, quand il m'arrive de manipuler, c'est principalement pour éviter les blessures.  Cependant, il faut garder à l'esprit que la manipulation a ses limites et qu'un plan ne doit pas être amputé indûment, si cela devenait nécessaire, c'est alors l'objectif qu'il faudrait modifier.

Jusqu'ici, la manipulation me réussit bien. J'en ai usé occasionnellement, notamment à mon retour de France où j'avais trop peu couru. Aussi, mon pied gauche, fragilisé par ma fasciite plantaire de janvier 2011, a très souvent bénéficié de certaines entourloupettes de plan. Pour l'instant, je renifle, je me mouche, je tousse et je croise les doigts pour me réveiller demain avec le regard clair et les jambes impatientes.

20 commentaires:

  1. Super billet, comme toujours. Je deviens moi aussi une manipulatrice, semble-t-il! Je trouve plus difficile de suivre le plan l'hiver (avec les enfants qui ont de l'école, moi qui suis à l'université... ouf!). Mais je réussis tout de même à m'en sortir pas si mal! Fiou!

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    1. Merci merci A-L! C'est vrai que l'hiver nous complique la tâche pas mal, et moi je t'admire d'être aussi rigoureuse dans tes entraînement avec toute la "richesse" de ton environnement!! :o)

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  2. Savoir ajuster ses entraînements en fonction des signaux que nous envoie notre corps et des aléas de la vie est un art qui demande de l'expérience, de la réflexion et un brin d'intuition, comme ton texte le fait bien ressortir. Je ne côtoie personne qui court depuis 20 ou 30 ans, mais j'ai l'impression qu'on ne finit jamais d'apprendre et de perfectionner cet art.

    Pour toutes les raisons que tu mentionnes dans ton texte, je n'ai jamais suivi de plan d'entraînement tout fait en vue d'une course. Je sais en gros où je m'en vais en termes de volume, de longues sorties, d'intervalles, etc. et j'ajuste en fonction de mon état et des circonstances.

    P.S. Excellent billet, ben content que tu te remettes à bloguer!

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    1. Merci! C'est vrai qu'on apprend sans cesse, et ça rend la course encore plus fascinante!!!

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  3. C'est exactement ce qu'il faut faire. On peut jouer un peu avec notre plan. J'en ai suivi un l'année dernière pour le marathon des Deux-Rives ( plan de 12 semaines qui venait du site du marathon de Boston 2010 ). Il y a des choses que je n'aime pas dans ce plan comme, par exemple, les intervalles en minutes. Pour illustrer, j'aime mieux 7 X 400 mètres que 7 X 2 minutes. C'est stupide mais c'est important de bien se sentir, même dans ces petits détails. Donc, pour Sugarloaf, c'est possible que j'adapte ce programme de 12 semaines comme je pourrais continuer ce que je fais présentement. À mon avis, ça ne changera pas grand chose. Ce qui est important, c'est la régularité. Deux intensités par semaine, une longue par semaine et des joggings mollo au travers de cela. Habituellement, ça fait la job.

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    1. Tu as tout à fait raison! Et dans un prochain billet, je parlerai de mon plan, le premier que j'ai concocté moi-même. C'est tellement intéressant d'analyser tout ça!!

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  4. Quand je déroge du plan, je sens que je bousille tout. Et pourtant, tu as bien raison, il faut pouvoir adapter, manipuler, se faire confiance. Merci pour ce beau billet : il me nourrit !

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    1. Merci Julie! Au début c'est un peu difficile de savoir si on bousille ou pas: mais avec le temps, on apprend à savoir ce qui nous réussit, et ce qu'il faut éviter. :o)

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  5. De -25° à +38° çà fait un sacré différentiel surtout pour faire des entraînement rationnels sur tout une année ;-)

    Bonne préparation à toi;-)

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    1. Haha! Nous ici, on est entraînés pour courir dans toutes les conditions, donc partout sur la planète! Il faut bien qu'il y ait des avantages à endurer nos saisons extrêmes! Merci mon cher!!!

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  6. Héhé, belles passe-passe. Mais, souvent, j'ai plutôt l'impression qu'on nous manipule. On = les rhumes, la météo, l'emploi du temps, le Reste du monde... Enfin, tu as raison, c'est sagesse, mieux se dire que nous choisissons nous-mêmes de nous adapter. "Amor fati."

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    1. Haha! Tout à fait Delphine, ou l'art de zigzaguer du mieux que l'on peut entre les aléas de la vie! :o)

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  7. Tu fais exactement ce qu'il faut, selon moi. De toute manière, tu pourrais te rendre en forme à ton marathon en faisant le simple kilométrage. L'intensité te donne un plus, mais le plus important, c'est d'être sur tes deux jambes régulièrement (et longtemps une fois par semaine). Allez, ouste ces microbes! La semaine 2 veut déjà commencer!

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  8. Sur 17 semaines, tu as bien le temps de te reprendre pour les sorties manquées. L'important, c'est de te débarrasser de ce maudit rhume.

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    1. Quels emmerdeurs ces rhume n'est-ce pas Luc?? ;o)

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  9. Claire, il n'y a que toi pour faire en sorte qu'être manipulatrice soit perçu comme étant positif... Prends soin de toi!

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  10. Bonjour, je viens de lire tout le récit de ton blog, et je le trouve très beau!!!!!je t'admire pour tes objectifs atteints, de la joie que te procure la course à pied!
    Pour ma part, j'ai un petit passé de course à pied, à raison de 4-5 sorties par semaine! Puis des bouleversements dans ma vie privée, professionnelle et vlan, arrêt du sport, 10 kilos en plus à transporter depuis 1an1/2....
    J'ai décidé de me reprendre en main car je sombre dans une déprime de plus en plus intense!! je recours depuis la semaine dernière mais il me faut un objectif, je pense le 10km puis un semi marathon, car sinon je vais vite laisser tomber!!
    ton histoire me redonne l'envie de faire quelque chose qui sera pour moi, mon seul défit à ce jour, me surpasser!
    A bientôt

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    1. Je suis heureuse que mon blog te plaise et t'inspire. Je te souhaite bon courage et c'est bien vrai, les objectifs concrets nous aide à ne pas tout laisser tomber. Et n'oublie pas que l'exercice physique a un effet démontré et prouvé contre la déprime, lâche pas. Bonne chance à toi cher Anonyme!

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