mardi 29 mai 2012

Mon 2e marathon, Ottawa 2012

Avant-hier c'était le Marathon d'Ottawa. J'ai pris le départ... et j'ai franchi la ligne d'arrivée. Je ne le réalise que très peu encore.



Tout d'abord, mes 18 semaines d'entrainement-marathon se sont déroulées sans embûches; durant les 2 premières semaines j'ai eu un gros rhume ainsi qu'une petite blessure (après avoir patiné), mais que du plaisir par la suite. Mon corps est plus fort que l'été dernier et j'ai également un peu plus d'expérience, ce fut donc beaucoup plus facile que la première fois; et ce, malgré le fait que mon entrainement fut beaucoup plus intense, notamment par l'ajout de 2 séances d'intervalles par semaine (aucun intervalle dans mon 1er entrainement-marathon).

Dans les dernières semaines, j'en ai peu parlé mais  j'ai eu des craintes car j'ai de la difficulté à réaliser que je suis réellement une marathonienne. Je me suis passé des remarques du genre: "La première fois ce n'était que de la chance", "La première fois c'était parce que je n'étais pas seule" (j'étais avec Éric), "Je n'ai  réussi mon premier marathon que parce que je cours très lentement, donc je n'ai pas de mérite, donc je ne suis pas vraiment une marathonienne"... Alors je me suis dit que cette fois-ci, j'allais certainement recevoir une méchante raclée! Je me sentais pourtant bien prête, mon endurance lors de mes longues sorties était très bonne, ma vitesse s'était grandement amélioré, mais je ne sais pas... encore le sentiment d'imposteur qui me ronge je crois. Je ne suis également pas bien à l'aise avec ce que mon corps projette, je n'ai pas le profil du coureur, encore moins celui du marathonien typique; le poids en trop, les bourrelets ici et surtout là, de la peau pour faire le tour de deux personnes, ça me rend peu à l'aise. Évidemment, à l'approche de l'été ce sentiment s'accentue car on se dévêtit. Mais je tiens à ne pas me cacher et j'ose, même si je trouve ça intensément difficile et gênant. Pourquoi est-ce que j'y tiens tant? Parce que je souhaite être un modèle pour tous ceux qui n'osent pas. Tout simplement! Et me donner ce rôle, c'est comme si ça me donnait le droit d'être là, sur un départ de marathon ou de n'importe quelle autre course. Mais bien sûr, je tente de ne pas donner trop de voix à ce côté de moi qui doute... car j'allais de toute façon courir mon 2e marathon.

La semaine dernière, j'ai pris grand soin de ma préparation alimentaire; j'ai adopté une alimentation extrêmement équilibrée pour tout le début de la semaine, et à partir de mercredi soir, le carbo-load (surcharge de glucides) a débuté. À partir de ce moment, mon plan était de prendre entre 500 et 600g de glucides par jour (la prescription pour mon poids), c'est la première fois que je tentais un carbo-load calculé. Jeudi j'ai constaté que la tâche était plus ardue que je prévoyais et je n'ai réussi qu'à prendre 440g de glucides dans ma journée. Vendredi j'ai pu monter la charge à 515g car j'ai revu à la baisse les portions de protéines; on dit d'observer les ratios suivant lors du carbo-load: 60 à 70% de glucides, 10 à 20% de protéines et 20 à 30% de gras, mais avec ce ratio de protéines, je manquais d'appétit pour ingurgiter tous les glucides voulus. J'ai répété pour la journée de samedi (525g). J'ai pris en note tout ce que j'ai mangé et je m'en servirai lors du prochain marathon, oui je sais que ça fait beaucoup de calculs, mais maintenant que c'est fait, je n'aurai qu'à suivre la liste! 

J'en arrive au principal, la journée de dimanche!

Je me suis levée à 3h50 du matin pour être en mesure de déjeuner à 4h00 (un déjeuner de 140g de glucide). La nervosité m'a alors enveloppé dans ses bras pour ne plus me lâcher jusqu'à l'heure du départ vers le site de la course, j'étais nerveuse mais heureuse! En arrivant sur place, j'ai eu le grand plaisir de voir quelques amis (Alexandre, Léo, Norm, Daniel) et je me suis installée dans mon corral. J'ai complètement changé ma stratégie de course au moment même où le départ a été lancé; he oui, j'ai tout à coup décidé de suivre le grand lapin de 4h45 qui était juste devant moi. Le défi c'est que ce lapin allait courir en 10:1 (10 minutes de course, suivi de 1 minute de marche), moi je ne m'entraine jamais comme ça. Mon objectif... non, non, pas mon objectif... mon souhait (voilà, c'est mieux) était de faire mon marathon en moins de 5h00, 4h59 ferait mon grand bonheur. Donc le lapin de 4h45, c'était plutôt ambitieux, d'autant plus que s'il marche à toutes les 10 minutes, le pace de course est donc plus rapide que ce que j'avais prévu comme plan de course. Bof, allez Claire, on rigole là; si ça ne fait pas je n'aurai qu'à me réajuster bien rapidement. Bien ce super-lapin, je l'ai suivi durant 30 beaux km, j'ai adoré l'expérience. Nous étions un beau groupe, tous bien accrochés à notre meneur d'allure, bien agréable comme truc. Le pace de course oscillait entre 6:10 et 6:40 et ça se passait très bien. Au 12e km, Anne une amie DM m'attendait, wow que j'étais heureuse, ça m'a donné une belle dose d'énergie. Au 30e km, nous étions dans un faux-plat ascendant et la distance entre le lapin et moi s'est un peu accentuée; j'ai voulu accélérer pour le rattraper mais j'ai eu peur: "Je sais bien qu'il ne reste que 12 km, mais mausus, tout à coup que je rencontre le fameux mur (que je n'ai encore jamais rencontré) et que je ne réussisse pas à le franchir... et que je ne finisse pas la course... Oh non, pas question! De toute façon j'ai du jeu pour terminer en bas de 5h00 car j'ai franchi le 30e km en 3h24". J'ai alors laissé aller mon lapin, pas grave. Au 36e km, j'ai fait une pause toilette qui s'est un peu éternisée et lorsque je suis ressortie de la toilette, il y avait une file de 6 personnes qui attendaient, "S'cusez", "I'm sorry"... Ensuite, j'ai commencé à avoir hâte que ça finnisse; mes jambes avaient commencé à fatiguer  aux environs du 29e km et là, au 37e, la fatigue était plus présente. Au 39e km, double surprise: Mon amie, ma mère et ma soeur sont là, wow; et en plus, je croise Pierre (qui a terminé son propre marathon en 3h08) et qui décide de m'accompagner pour mes 3 derniers km. Je suis tellement contente, il jase et ça me change les idées, il sait exactement quoi dire ce cher Pierre! Durant ces derniers km, j'ai eu quelques petits "tilts" dans les mollets (les précurseurs aux crampes) mais à chaque fois, j'ai marché un peu et les crampes ne sont jamais venues. Et voilà le dernier droit est devant moi, que 300 mètres à faire, j'oublie la fatigue; à 100 mètres je vois mes amis coureurs DMSonia et Brent, ainsi que ma famille, ils crient tous en me voyant, je crie et je sautille!! J'entend mon nom au micro, Pierre me répète que je vais réussir à faire en moins de 5h00, je fonce et je franchis le fil d'arrivée!! Wow, quel beau "feeling"!! Temps officiel: 4h56.


J'ai eu le temps d'analyser ma course:

- du 1er au 10e km,  (10 km) j'ai maintenu un pace de 6:30
- du 10e km au 21,1e km, (11,1 km) j'ai maintenu un pace de 6:50
- du 21,1e km au 30e km, (8,9 km) j'ai maintenu un pace de 7:04
- du 30e km au 42,2e km, (12,2 km) j'ai maintenu un pace de 6:58

Je crois que j'ai relativement bien géré ma course et j'en suis très heureuse. Toutefois, je regrette un peu de ne pas avoir oser plonger dans la difficulté, je sens que j'aurais été capable de faire 4h45. Mais la ligne est si mince entre "ce qu'on peut" et "ce qu'on ne peut pas"... Mais en même temps, je les aime mes marathons relax, je les aime beaucoup! Et j'ai tout de même la satisfaction de me classer dans la fin du 2e tiers de ma catégorie (45-49 ans) et j'aurai pourtant 50 ans dans 10 jours. 

Nous sommes mardi, 48 heures après le marathon, je n'ai pas de douleur, pas de fatigue, je suis en pleine forme et j'ai couru 7 joyeux km ce matin. Ne reste qu'à choisir mon prochain marathon. 

J'ai encore une fois fait un marathon de rêve! Je mesure tellement ma chance de pouvoir le faire. Je réalise peu, mais je mesure ma chance, oh que oui!